Stella Matutina

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Musique religieuse russe et musique traditionnelle

 

 

novembre 2007

l'Ensemble Vocal KEDROFF

Octuor d'hommes

 

 


Historique de l'Ensemble Vocal Kedroff

 

Nicolas KEDROFF-père naît en 1871 à Saint-Pétersbourg. Aîné d’une famille sacerdotale, il choisit néanmoins la carrière musicale. En 1897, diplômé du Conservatoire Impérial, il fonde avec Iakov Karkline le « Quatuor vocal de Saint-Pétersbourg », formation jusque-là inédite en Russie. Le répertoire du Quatuor est essentiellement constitué d’airs d’opéras et de romances. Dès le premier concert, donné au printemps 1898 en présence de César Cui, l’Ensemble obtient un grand succès. En 1908, le frère de Nicolas Kedroff, Constantin, rejoint le Quatuor pour la première tournée à l’étranger (Paris, Londres). Les tournées annuelles en Europe se poursuivront jusqu’en 1915, certaines accompagnées par Fiodor Chaliapine. La légendaire basse russe gravera un enregistrement de chants populaires avec l’Ensemble, qu’il qualifiera de « miracle de l’art vocal ».        

La révolution et la guerre civile éclatent en Russie et, en 1923, N. Kedroff doit émigrer avec sa famille à Berlin, puis à Paris. Les épreuves traversées inspirent à N. Kedroff une nouvelle orientation : le répertoire liturgique. Dès lors, le Quatuor prend le nom de son fondateur.

 En 1927, le Quatuor Kedroff a trente ans d’existence et effectue sa première tournée en Amérique. Deux ans plus tard, le fils de N. Kedroff intègre le Quatuor. Pianiste de formation, Nicolas KEDROFF-fils accompagnera au piano certaines pièces profanes données en concert. Cette époque est marquée par de grandes tournées en Europe et aux Etats-Unis (1937-1939).

La deuxième guerre mondiale éclate. N. Kedroff-fils, engagé dans l’armée française, est fait prisonnier. C’est en captivité qu’il apprend la mort de son père, le 2 février 1940. A son retour, N.Kedroff-fils reconstitue le Quatuor et poursuit l’œuvre paternelle. En 1947, le Quatuor marque son cinquième anniversaire par un concert solennel donné salle Gaveau, à Paris.

 Nicolas Kedroff-fils, comme son père, compose et harmonise les mélodies traditionnelles du répertoire liturgique de l’Eglise orthodoxe russe. On lui doit notamment l’édition de deux recueils liturgiques consacrés respectivement à la Divine Liturgie et aux Vigiles dominicales. Edités à Londres au cours des années 60 et 70, ces recueils mettent à l’honneur les compositeurs de la fin du XIXe et du XXe siècles parmi lesquels Kedroff-père et fils tiennent une place de choix. Après 25 années d’activité et d’innombrables concerts, Nicolas Kedroff-fils s’éteint le 23 mai 1981.

Fils et petit-fils des deux Nicolas, Alexandre KEDROFF a repris aujourd’hui l’héritage familial. Après des études de musiques complétées par un cursus de théologie à l’Institut Saint-Serge de Paris, il est nommé chantre et ordonné diacre à la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky dont il dirige les chœurs. Témoin et continuateur de cette tradition spirituelle, dans le chant liturgique comme dans le chant  populaire, le père Alexandre Kedroff fonde aux débuts des années 90 un sextuor : l’Ensemble Vocal Kedroff.

En effet, le répertoire de l’Ensemble comprend aussi des chants profanes, évoquant des légendes populaires à caractère religieux, récits empreints tout à la fois de naïveté et de piété. Ces chants traduisent la ferveur authentiquement chrétienne du peuple russe.

L’année 1997 marque le centenaire du premier Quatuor. L’évènement est célébré à Paris dans le cadre des «Heures Musicales de Saint-Roch », où les chœurs historiques de l’émigration ont pris l’habitude de se réunir une fois par an lors d’un concert commun.

Invité  à plusieurs festivals internationaux de chant sacré, l’Ensemble Kedroff a remporté en 2001 le prix du concours international de Minsk en Biélorussie. Désormais constitué de huit chanteurs, l’Ensemble Kedroff se produit régulièrement en France. Il a enregistré son 4ème disque en octobre 2004 à la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay.

 

Historique du chant liturgique russe

 

A la fin du premier millénaire, le Grand Prince Vladimir de Kiev voulut fonder l’unité de son peuple sur les assises de la foi. Il envoya ses émissaires de par le monde, en quête de la vraie religion. Parvenus à Constantinople, les envoyés de Vladimir entrèrent dans la basilique Sainte-Sophie pendant la Divine Liturgie et furent émerveillés par la beauté des chants et leur élévation spirituelle. De retour à Kiev, ils déclarèrent au Prince : « Nous ne savions plus si nous étions au ciel ou sur la terrer. Car il n’y a pas sur terre un tel spectacle, ni une telle beauté, et nous sommes incapables de l’exprimer. Nous savons seulement que c’est là que Dieu demeure avec les hommes et que leur culte dépasse ceux de tous les pays. Cette beauté, nous ne pouvons l’oublier et nous savons qu’ils nous sera désormais impossible de vivre en Russie d’une manière différente ».

Vladimir, convaincu que cette gloire manifestée dans la Liturgie ne pouvait être que le resplendissement de la Vérité, se convertit au Christianisme. C’est le caractère céleste de la Liturgie byzantine qui a déterminé la conversion du peuple russe à l’Orthodoxie. Comme l’icône représente le monde transfiguré au-delà du visible, la beauté du chant liturgique est le reflet du monde céleste et témoigne de la nostalgie du paradis perdu.

Dans les premiers siècles de sa conversion au Christ, l’Eglise russe a naturellement adopté les modes byzantins ; peu à peu elle élabora son expression liturgique propre.  Le chant neumatique appelé  znamenny  (« signe » ou « neume ») est la plus ancienne forme du chant liturgique russe. Les motifs znamenny étaient chantés à l’unisson, probablement accompagnés d’un bourdon à la manière byzantine.

A la fin du XVIème et au début du XVIIème siècles apparaissent, dans le chant liturgique, les premiers éléments de la polyphonie. Les incursions polonaises en Russie accentuent cette évolution. Mais c’est sous le règne de Pierre-le-Grand que la Russie subit profondément l’influence occidentale, qui pénètre tous les domaines de la vie culturelle et religieuse. Les textes liturgiques font alors l’objet de compositions libres selon l’inspiration subjective des compositeurs.

A la fin du XIXème siècle, le peuple russe entend s’affranchir de la tutelle esthétique de l’Occident dans le souci de réaffirmer son identité. Dans le domaine de la musique profane, le mouvement dit « slavophile » est illustré par le Groupe des Cinq, composé de C. Cui, M. Moussorgski, M. Balakirev, A. Borodine et N. Rimski-Korsakoff.

Le chant liturgique connaît un mouvement analogue avec l’éclosion de l’Ecole Synodale de Moscou fondée par S.V.Smolensky. La caractéristique de cette école réside dans l’utilisation de motifs anciens enrichis par l’harmonie classique désormais enracinée dans la vie musicale russe, et traités dans un style sobre et propice à la prière. Cet élan, interrompu par la Révolution de 1917, sera poursuivi dans l’émigration par de nombreux compositeurs. Nicolas Kedroff-père et fils furent de ceux-là.

Une grande partie de leurs œuvres liturgiques fut écrite pour le Quatuor. La célèbre composition du Notre Père a dépassé les frontières de l’Orthodoxie et est entrée aujourd’hui dans le répertoire de nombreux ensembles vocaux.

 

 

Programme

CHANTS LITURGIQUES

 

Trisagion

P. TCHAIKOVSKI

Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel, aie pitié de nous (3 fois)

 

I - VÊPRES  ET  MATINES

Venez, adorons et prosternons-nous…

S. RACHMANINOV

Venez, adorons et prosternons-nous devant Dieu notre Roi !

Venez, adorons et prosternons-nous devant le Christ, notre Roi et Dieu !

Venez, adorons et prosternons-nous devant le Christ Lui-même,

notre Roi et Dieu !

Venez, adorons et prosternons-nous devant Lui !

 

Psaume de la création (Psaume 103)

Motif grec, harmonisation N. KEDROFF –fils

Bénis le Seigneur, ô mon âme, Seigneur, mon Dieu,

Tu as été grandement magnifié.

 

1er cathisme du Psautier

Motif de la Laure des Grottes de Kiev, harmonisation A. FATEEV

Bienheureux l’homme qui ne s’en est pas allé au conseil des impies.

Alléluia !

Car le Seigneur connaît la voie des justes,

et la voie des impies va à la perdition Lève-toi,

Seigneur, sauve-moi, mon dieu, Alleuia !

Au Seigneur appartient le salut et sur ton peuple est la bénédiction. Alléluia !

Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et toujours

et dans les siècles des siècles. Amen !

Alléluia, alléluia, alléluia, gloire à Toi, ô Dieu ! (3 fois)

 

Psaume du Lucernaire (Psaume 140) et stichère dominicale, ton 1

Motif znamenny, harmonisation A. KASTALSKY

Psaume : Seigneur, je crie vers Toi, exauce-moi. Exauce-moi Seigneur !

Verset : Retire mon âme de sa prison afin que je célèbre Ton Nom.

Stichère : Seigneur, très saint, reçois notre prière vespérale

 

Lumière paisible

N. NICOLSKY

Lumière paisible de la sainte gloire du Père Immortel, Céleste, Saint et Bienheureux, ô Jésus-Christ. Parvenus au coucher du soleil, contemplant la lumière du soir, nous louons le Père, le Fils et le Saint-Esprit, un seul Dieu. Tu es digne en tout temps d’être chanté par des voix pures, ô Fils de Dieu, source de vie : l’univers proclame ta gloire.

 

Tropaire à la Mère de Dieu (Ave Maria)

Chanté 3 fois sur le motif traditionnel de znamenny

Vierge Marie, Mère de Dieu, réjouis-toi Pleine de Grâce, le Seigneur est

avec toi. Tu es bénie entre toutes les femmes et béni est le fruit de ton sein, car tu as enfanté le Sauveur de nos âmes.

 

Que le Nom du Seigneur soit béni…

N. KEDROFF-fils

Que le Nom du Seigneur soit béni dès maintenant pour les siècles ! (3 fois)

 

Louez le Nom du Seigneur (Psaume 134 et 135)

D. HRISTOV

Louez le Nom du Seigneur, vous ses serviteurs. Alléluia !

Que le seigneur soit béni de Sion, Lui qui habite à Jérusalem. Alléluia !

Confessez le Seigneur, car Il est bon, car éternelle est sa miséricorde. Alléluia !

Confessez le Dieu du ciel, car éternelle est sa miséricorde. Alléluia !

 

Eulogétaires

(Tropaires de la Résurrection), ton 5

Motif « znamenny »

Tu es béni, Seigneur, enseigne-moi tes jugements !

Le chœur des anges fut saisi de stupeur en te voyant parmi les morts,

alors que tu anéantissais la puissance de la mort et qu’avec toi,

tu relevais Adam, libérant tous les hommes de l’enfer…

Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, et maintenant et toujours

et dans les siècles des siècles. Amen !

Alléluia, alléluia, alléluia, gloire à toi, ô Dieu ! (3 fois)

 

II – SEMAINE  SAINTE

Je vois ton palais orné

D. BORTNIANSKY

Je vois ton palais orné, ô mon Sauveur, et je n’ai pas les habits

pour y entrer. Illumine les habits de mon âme, ô Source de Lumière,

et sauve-moi.

 

Délivre-moi, Seigneur, de l’homme mauvais

(Prokiménon du Grand Jeudi, ton 1)

Motif znamenny, harmonisation N. KEDROFF-fils

Délivre-moi, Seigneur de l’homme mauvais, délivre-moi de l’homme injuste.

Seigneur, force qui me sauve, tu as étendu ton ombre sur ma tête

au jour du combat

 

Que ma prière s’élève devant Toi

(Liturgie des Dons Présanctifiés)

P. TCHESNOKOFF

Que ma prière s’élève devant Toi comme l’encens, l’élévation de mes mains comme le sacrifice du soir. Seigneur, je crie vers Toi, exauce-moi,

soit attentif à la voix de ma supplication quand je crie vers Toi..

 

Ils se sont partagés mes vêtements

(Prokiménon du Grand Vendredi)

Motif de la Laure de la Trinité-Saint-Serge

Ils se sont partagés mes vêtements et ils ont tiré au sort ma tunique.

Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

 

 

 

 

 

∞∞∞∞∞     Entracte     ∞∞∞∞∞

 

III - PÂQUES

Ta résurrection, ô Christ Sauveur

(Chant de la Procession pascale)

Motif traditionnel

Ta Résurrection, ô Christ Sauveur, les anges la chantent dans les cieux ; rends-nous  digne sur la terre de te glorifier d’un cœur pur. (Chanté 3 fois)

 

Stichère de Pâques

Motif znamenny, harmonisation A. GLAZOUNOV

Que Dieu se lève et que ses ennemis soient dispersés. Ô Pâques sainte révélée en ce jour à nos yeux, ô Pâques nouvelle et sacrée, Pâques mystique du Seigneur, Pâques vénérable, Pâque du Christ libérateur…

Le Christ est ressuscité des morts, par sa mort il a terrassé la mort ;  et à ceux qui sont dans les tombeaux, il a donné la vie.

 

Prokiménon pascal

Motif znamenny, harmonisation N. KEDROFF-fils

Voici le jour que le Seigneur a fait, exultons et réjouissons-nous en lui !

Confessez le Seigneur car il est bon et sa miséricorde est pour les siècles.

 

CHANTS POPULAIRES

 

Une joie nouvelle nous est donnée  

Chant populaire de Noël

(Koliadka)

Voici la joie nouvelle, la louange céleste ! L’étoile se tient au milieu de la grotte illuminant le monde entier.

Où donc est né le Christ, celui qui de la vierge s’est incarné ? Enveloppé de langes comme un enfant des hommes, il est couché, là, devant Dieu.

 

Dans les champs  

Chant populaire de Noël

(Koliadka)

Dans les champs la charrue avance,

et derrière elle marche le Seigneur.

Sa sainte Mère lui apporte à manger et lui dit :

« Laboure ces champs, ô mon fils, et nous y sèmerons du blé ».

 

 Vieille légende sur le preux Ilia Mouromets  Harmonisation : N. KEDROFF-père

Ilia le Preux (de la région de Mourom), figure mi-historique, mi-légendaire, est vénéré en Russie comme un noble chevalier dont les vertus chrétiennes et le courage héroïque forcèrent le respect et l’admiration.

Jadis, sur la mer, la mer bleue, du Don au Danube, voguaient 37 vaisseaux

à la tête desquels on pouvait entrevoir un  38ème, celui d’Ilia …

 

Sur les rives du Jourdain 

 (Koliadka)

Sur les rives du Jourdain, coulait une eau paisible, et là, la Mère de Dieu baignait l’Enfant-Christ. L’ayant baigné, elle l’enveloppa de soie et le déposa dans une petite mangeoire. Au-dessus de la mangeoire deux bœufs gris se tenaient et sur le saint Enfant exhalaient leur souffle chaud. On porta alors le Christ-Jésus et le déposa sur la Sainte Table. Au-dessus de celle-ci, trois anges y volaient.

 

 "Chedrik "

(Koliadka)

M. LEONTOVITCH 

 Le retour des hirondelles annonce l’abondance et la prospérité.

 

Les cloches de Novgorod 

 Arrangement N. RIMSKY-KORSAKOFF

(basse solo) 

Chanson populaire de noces

Les cloches sonnaient à Novgorod quand passa le noble Luka, et ses yeux rencontrèrent Olympiade en haut du clocher…

                                                                                                        

Captivité tatare 

N. RIMSKY-KORSAKOFF

Le joug tatare qui dura plus de deux siècles est l’un des épisodes les plus tragiques de l’histoire russe. Les Tatares, venus des steppes d’Asie Centrale, déferlèrent en  1237 sur la Russie, pillant et massacrant tout sur leur passage. Ce chant, à l’instar de beaucoup d’autres, dépeint de façon poignante une scène de cette époque.

Ce n’est pas un bruit qui résonne, ni le tonnerre qui tonne, c’est un jeune Tatare qui partage les captifs. La belle-mère est donnée au gendre et celui-ci l’emmène dans la steppe auprès de sa jeune épouse.

 -  Voici, femme, que t’est donnée une servante venue de Russie. Ordonne-lui donc de bercer l’enfant.

 -  Dors, mon enfant, dit la servante. De père tu es Tatare et de mère tu es Russe, et de sang tu es mon petit-fils. Ta mère, en effet, est ma propre fille capturée à l’âge de sept ans. Te faire mourir serait un grand péché, mais ta foi n’étant pas la vraie Foi, comment pourrais-je encore t’appeler « mon enfant ». La fille s’incline puis se jette aux pieds de sa mère :

 -  Que ne t’ai-je reconnue, ô Mère, empare-toi donc du meilleur cheval et fuis vers la sainte Russie. 

-  Je ne puis fuir à présent vers la sainte Russie ; de toi, mon enfant, je ne me séparerai pas.

 

 

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